By Cet article dédié au thé Oolong, traite de la naissance de cette famille de thé en Chine d’une part, mais aussi d’autres terroirs dans le monde s’essayant avec plus ou moins de réussite à la production complexe de ce thé. Il est possible que cet article vous apprenne de nouveaux termes tant ils ne sont pas ou peu utilisés dans les communications des différentes maisons de thé en France. Néanmoins, il me semble judicieux de vous les approprier si vous souhaitez structurer votre compréhension des « ban fajiao » (semi-fermentés). Voilà un terme dont nous n’entendons jamais parler n’est-ce pas ? Pourtant il définit tout autant les thés Oolong que d’autres appellations diverses telles que « bleu vert » ou encore « Qingcha ».
Avant de traiter de l’histoire de ce thé, je voudrais que nous définissions ensemble tous les termes désignant la famille à laquelle il appartient.
Introduction au thé bleu vert
Qingcha (thé bleu vert)
Cette appellation chinoise s’inscrit dans la nomenclature colorée des six familles de thé. En français, nous dirions tout simplement les thés bleu vert. Un peu plus loin dans l’article, je vous expliquerai les raisons de cette appellation à deux couleurs, héritée de la fabrication complexe de ce thé.
Ban Fajiao (semi-fermenté)
Qu’en est-il de cette autre appellation chinoise ? Voilà une nomination qui dérive elle aussi directement du processus productif de ce thé. Là où le thé vert ne sera jamais oxydé et où le thé rouge le sera complètement, le thé Oolong sera lui partiellement oxydé. Cette ambivalence de fermentation découverte par les producteurs chinois justifie à elle seule qu’on l’appela semi-fermenté.
!!! Wulong (Dragon noir)
À l’opposé de ce que pense la majorité des amateurs de thé, le terme chinois « Wu long » (Dragon noir) ne désigne pas l’ensemble de la famille de thé bleu vert. Il n’en définit qu’une partie bien spécifique à la semi-fermentation poussée, comprise entre 60 et 70 pour-cent de la feuille. Je ne doute pas que parmi vous, certains connaissent aussi le terme Oolong, qui n’est ni plus ni moins que l’appropriation occidentale du terme « Wulong ». Les deux termes désignent donc la même chose et il serait réducteur de les utiliser pour définir l’ensemble des « Qingcha ».
À ce stade il est temps de creuser le sujet de la fabrication du thé bleu vert. Cela mettra en perspective les éléments que je vous ai décrits au-dessus. Situé à mi-chemin des familles de thé vert et rouge, le processus productif du thé bleu vert leur emprunte certaines techniques, notamment le flétrissage ou encore la dessiccation.
| 1 | CUEILLETTE | Selon le thé produit, la récolte se déroulera à différent moment de l’année est certaines feuilles seront récoltées plutôt que d’autres. |
| 2 | FLETRISSAGE | Pendant plusieurs heures les feuilles fraiches sont laissées au soleil pour leur faire perdre leur teneur en eau. |
| 3 | REFROIDISSEMENT | Elles sont ensuite entreposées à l’intérieur au frais afin de faire baisser la température au sein des de leurs cellules. |
| 4 | BRASSAGE | Le maitre de thé donnera le la pour démarrer le brassage, étape typique qui vise à briser les cellules au sein de la feuille pour déclencher le processus oxydatif. Cette étape qui dure plusieurs minutes (jusqu’à 30 min) alterne avec des périodes de refroidissement des feuilles. C’est ce processus alternatif qu’on nomme « zuoqing » (faire le bleu vert). Il est le cœur de la production d’un Qingcha. |
| 5 | DESSICCATION (tuer le vert) | Une fois le niveau d’oxydation souhaité atteint il est temps pour le maitre de thé d’ordonner la fixation de ce niveau. Les feuilles sont donc chauffées à haute température pour tuer l’oxydase, enzyme responsable de l’oxydation des feuilles. |
| 6 | ROULAGE | Il est temps de donner la forme souhaitée aux feuilles. Le roulage permet d’une part d’identifier le thé qu’on déguste, mais il offre aussi un spectacle agréable à la vue. |
| 7 | SECHAGE | On vient ensuite réduire davantage le taux d’humidité présent dans et sur la feuille afin d’améliorer la durée de conservation du thé et minimiser tout risque de post-fermentation. |
| 8 | TORREFACTION | Certains thés bleu vert sont ensuite torréfiés à l’instar du Dong Ding et différents Wu Long. |
Les thés bleu vert sont d’une extrême richesse, de par la pluralité des cultivars ou variétés de camélias utilisés pour sa production, mais aussi grâce à l’incroyable savoir-faire des maitres de thé. Au-delà des grandes lignes que je vous ai présentées juste au-dessus, l’expertise des maitres de thé et les spécificités techniques de chacun nous offrent des thés toujours variés et différents. La notoriété des thés bleu vert n’est plus à prouver et se justifie par la grande variété aromatique.
Thé Oolong : les 4 types
Les bases étant jetées, il est temps pour nous de s’envoler en direction du pays qui a vu naître les Qingcha ! J’ai nommé, la Chine. Le pays compte trois grandes provinces productrices de thé bleu vert. Le Guangdong, le Fujian et bien sûr Taiwan. Nous allons couvrir sommairement les différentes caractéristiques de chacune de ses provinces et parcourir les 4 types de thé bleu vert qu’on retrouve en Chine.
- Thé Oolong du Mont Phénix (Feng Huang Shan Cha) du Guangdong — fortement oxydé
- Thé Oolong des Monts Wuyi (Yan Shan Cha) du Fujian du Nord — fortement oxydé
- Thé bleu vert du Fujian du Sud — faiblement oxydé
- Thé bleu vert de Taiwan — faiblement oxydé
Guangdong
Dans un des articles précédents je vous parlais de la province Guangdong, très réputée pour ses thés du mont phénix (Fenghuangshan cha). J’ai d’ailleurs écrit deux articles de dégustation sur deux Dan Cong d’exception. Si vous voulez approfondir votre connaissance des thés du Mont Phénix, je vous mets les liens ici !
Wu Long Xin Ren Xiang – Au parfum d’amande
A là suite de l’article sur le Mi Lan Xiang, je vous invite à retourner dans le Guangdong pour découvrir…
Le terroir du Guangdong, situé à proximité de la mer de Chine méridionale, présente une influence océanique qui se traduit par un climat subtropical avec des précipitations abondantes. Les brises marines et les brouillards matinaux maintiennent un niveau élevé d’humidité, bénéfique pour la croissance des théiers. Ce climat subtropical se caractérise par des étés chauds et humides, ainsi que des hivers doux. L’humidité ambiante contribue à la texture et à la tendreté des feuilles de thé, tandis que les précipitations assurent une irrigation naturelle des théiers.
Le terroir du Guangdong présente également une topographie montagneuse, avec les monts Phoenix comme exemple emblématique. Les différentes altitudes des plantations de thé dans ces montagnes offrent des conditions de croissance variées, qui se reflètent dans la diversité des thés produits. Chaque altitude et microclimat particulier confèrent aux thés du Guangdong des saveurs et des arômes uniques.
Le sol du Guangdong est varié en raison de la géologie complexe de la région. On y trouve différents types de sols, chacun ayant des propriétés spécifiques qui influencent la culture du thé.
Fujian
AU NORD
On divise les thés du nord du Fujian en deux sous-catégories bénéficiant d’un terroir identique. La première étant les « Wuyi Yan Cha » (les fameux thés des rochers) et la deuxième étant la Jonquille du nord du Fujian. Je ne rentrerai pas plus dans le détail, car cela fera l’objet d’un futur article ! L’organisation agricole autour des Wuyi Yan Cha est particulièrement complexe de nos jours et mérite que je vous l’explique dans le détail. Je vous reparlerai de Dan Cong à cette occasion ! En attendant, voici les principales caractéristiques environnementales du nord du Fujian.
La zone des montagnes Wuyi dans le nord du Fujian est un lieu emblématique pour la culture du thé en Chine, bénéficiant d’un climat subtropical influencé par la mer, d’une topographie montagneuse spectaculaire, et de sols variés riches en minéraux. Ces éléments font des Yan Cha une catégorie unique de thés haut de gamme.
Les montagnes Wuyi bénéficient d’un climat subtropical, influencé par leur proximité avec la mer de Chine orientale. Les étés sont chauds et humides, avec des températures élevées, tandis que les hivers sont relativement doux. Les précipitations sont abondantes tout au long de l’année. Les brises marines en provenance de la mer contribuent à maintenir un niveau élevé d’humidité, ce qui est bénéfique pour la culture des théiers. L’humidité ambiante et les brouillards matinaux sont des caractéristiques importantes de ce microclimat.
Les sols des montagnes Wuyi sont également variés en raison de la géologie complexe de la région. On y trouve plusieurs de types de sols, notamment des sols riches en minéraux tels que les schistes, les grès, et les argiles. Ces sols variés contribuent aux caractéristiques gustatives et aromatiques uniques des thés produits dans la région. Les minéraux du sol jouent un rôle crucial dans le développement des saveurs complexes des thés des montagnes Wuyi.
De par sa proximité avec les monts Wuyi, le Oolong Jonqcuille jouit de conditions environnementales similaires et tout aussi bénéfiques pour sa production.
AU SUD
Le sud du Fujian produit davantage de thé faiblement oxydé comme le Tie Kuan Yin produit non loin d’Anxi traditionnellement. Anxi (district) est reconnu pour la qualité de ses thés mais aussi pour son savoir-faire reproductif par bouturage des théiers. Pour l’anecdote ce sont les producteurs d’Anxi qui ont mis au point cette technique de reproduction asexuée des théiers.
Le climat dans le sud du Fujian est subtropical comme au nord du Fujian, également influencé par sa proximité avec la mer de Chine méridionale. Les étés sont chauds et humides, avec des températures élevées, tandis que les hivers sont généralement doux. À noter que les brises marines apportent de l’humidité à la région.
Contrairement au nord de la province, qui est dominée par les montagnes Wuyi, le sud du Fujian présente une topographie plus « douce ». On retrouve une plus grande variété de paysages, notamment des plaines côtières, des collines ondulantes et des montagnes modérées.
Le sud du Fujian a différents types de sols, notamment des sols alluviaux le long des rivières et des sols argileux dans les zones plus élevées.
Taiwan
Le terroir de Taiwan, situé dans la mer de Chine orientale, est également influencé par son environnement océanique, ce qui se traduit par un climat subtropical et une topographie montagneuse.
Le climat de Taiwan est principalement subtropical, avec des précipitations abondantes. L’influence de la mer de Chine orientale se fait sentir avec des étés chauds et humides, ainsi que des hivers doux. Les brises marines et les pluies fréquentes contribuent à maintenir un niveau élevé d’humidité, ce qui est bénéfique pour la croissance des théiers. Cette humidité ambiante est essentielle pour la texture et la tendreté des feuilles de thé.
Taiwan est caractérisée par une topographie montagneuse, avec des chaînes de montagnes comme les montagnes Centrales et les montagnes Alishan qui sont des exemples emblématiques. Les différentes altitudes des plantations de thé dans ces montagnes offrent des conditions de croissance variées, ce qui se reflète dans la diversité des thés produits. Chaque altitude et microclimat particulier confèrent aux thés de Taiwan des saveurs et des arômes uniques.
Le sol de Taiwan est également varié en raison de la géologie complexe de la région. On y trouve différents types de sols, allant des sols volcaniques aux sols alluviaux, chacun ayant des propriétés spécifiques.
Autres pays producteurs de thé Oolong
Thé Oolong : FAQ
Quels sont les bienfaits du thé bleu vert ?
- Une consommation régulière de thé bleu vert réduit les niveaux de cholestérol, diminuant ainsi le risque d’attaques cardiaques. Ceux qui boivent de 1 à 6 tasses par semaine ont un risque moindre de maladies cardiovasculaires.
- Les polyphénols des qingcha éliminent les radicaux libres, ralentissant le processus de vieillissement et prévenant les problèmes de peau tels que les taches sombres et la pigmentation.
- Les polyphénols du thé bleu vert stimulent le métabolisme des graisses, favorisant la perte de poids et réduisant l’obésité en accélérant la combustion des graisses.
- Le thé bleu vert inhibe la croissance des bactéries responsables des caries dentaires et des cancers buccaux. Ses antioxydants améliorent la santé bucco-dentaire en empêchant l’accumulation de plaque, la carie et les cavités.
- Les qingcha, riche en polyphénols polymeriques, réduisent le risque de cancer, y compris le cancer de la peau, et favorise la mort des cellules cancéreuses.
- Les antioxydants du thé bleu vert protègent contre les caries dentaires et renforcent la structure osseuse, contribuant ainsi à prévenir l’ostéoporose.
- Le thé Qingcha, avec ses antioxydants, vitamines et minéraux, détoxifie le corps, améliore la digestion et est considéré comme un complément pour traiter le diabète de type 2.
- Les polyphénols naturels du ce thé agissent comme des relaxants et soulagent le stress, améliorant l’humeur, la concentration et l’agilité mentale lorsqu’il est consommé pendant la journée.
- Les antioxydants des qingcha inhibent fortement la croissance de certaines souches de streptocoques, aidant ainsi à combattre les infections bactériennes.
Quand faut-il boire le thé bleu vert ?
Le thé bleu vert peut se boire à tout moment de la journée, car sa teneur en caféine est faible ce qui ne vous empêchera pas dormir. À titre personnel j’aime beaucoup le prendre à 11 h du matin ou pour 16 h.
Comment bien infuser le thé bleu vert ?
En général les thés bleu vert s’infusent à 90 °C pendant 5 min. Pour 200 ml d’eau, vous compterez 4 g de feuilles de thé.
Quel est le meilleur thé bleu vert ?
Il est difficile d’en choisir un seul, mais en voici quelques-uns parmi les meilleurs : Da Hong Pao, Anxi Tie Kuan Yin, Feng Huang Mi Lan Xiang, Oriental beauty et le Shan Li Xi.
Conclusion
Les Qingcha sont des thés vraiment très gourmands et très parfumés, ils offrent une porte d’entrée assez aisée pour les plus réticents au thé nature. Si vous souhaitez convertir quelques personnes de vote entourage au thé, proposez leur un thé bleu vert de Taiwan ou un puissant thé des rochers. Surement qu’ils changeront d’avis et adopteront les thés nature comme nouvelle boisson de compagnie !
Est-il possible de créer des cocktails avec le thé bleu vert ?
Je pense que oui ! Je n’ai jamais essayé mais ca vaudrait le coup de tenter. Je vous conseille les thés de haute montagne de Taiwan qui sont particulièrement parfumés.