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Dans l’univers du thé, le thé noir coréen se veut discret. Néanmoins, la culture du thé y est vieille de 1200 ans environ. En effet, en 828, le roi Silla Heungdeok missionna Kim Dae ryeom en Chine pour remplir une mission royale. À son retour, il rapporta des graines de théier afin de développer la culture du thé dans son pays. C’est sur les pentes du mont Jiri, situé au sud de l’île, qu’elles furent plantées. Par ailleurs, le thé noir Jukro de Hadong pousse au sud du mont Jiri dans une plantation qui s’appelle Jukro, dans le district de Hadong et provient de la maison Palais des Thés.
Parfum
Dès qu’on ouvre la boite, on est forcément surpris par la puissance olfactive des feuilles de ce thé. Un parfum enivrant et qui plaira aux gourmands puisque ce thé sent littéralement le chocolat. On retrouve vraiment le parfum d’un mi cuit au chocolat praliné. On ne se lasse pas de cette senteur. Dans un second temps, on peut distinguer un parfum miellé et légèrement floral qui vient rajouter un peu de vivacité au profil olfactif des feuilles du Jukro.
Visuel
Contrairement à certains thés chinois, le travail des feuilles n’a rien d’impressionnant. Elles sont plutôt petites, signe de leur jeunesse, torsadées ou roulées dans leur largeur. Malheureusement, les feuilles se sont parfois brisées. Difficile de dire si cela est dû au transport ou bien au travail de l’artisan. Concernant leur couleur, ce que je note avant tout c’est la teinte très sombre des feuilles. On y voit un marron prononcé qui tire vers le noir. Cependant, quelques reflets d’un vert profond se démarquent et viennent enrichir le visuel de ce thé.
Parfum
À chaud, un cacao vanillé exprime toute son étendue. On distingue aussi des notes végétales, de légumes cuits, voire confits, par une cuisson lente. On retrouve également la châtaigne fraichement pelée et l’amande. Un parfum complexe et enrichi par un fond floral rappelant le mimosa en début de floraison. En laissant refroidir les feuilles, le légume cuit prend le dessus et me donne l’impression de me pencher au-dessus d’une ratatouille (ça parait fou… je sais).
Visuel
L’infusion dévoile une autre physionomie des feuilles. Elles se déroulent dans leur largeur et dévoilent une couleur brune et moins sombre. On peut voir des nuances de marron clair et le rouge fait son apparition. Le vert persiste à certains endroits, mais se fait beaucoup plus discret.
Parfum et couleur
Avant toute chose, la couleur de la liqueur n’a rien à envier aux Hong Cha chinois – thés rouges chinois. On retrouve le cuivre et les reflets rouge vif typiques des thés de la famille. C’est vraiment ma couleur préférée d’infusion. La liqueur est limpide, transparente et très brillante.
Concernant le parfum : il est très riche et gourmand. En effet, en fermant les yeux j’ai vraiment l’impression que je m’apprête à boire un chocolat chaud. Des émanations de vanille, d’épices et de fève tonka s’emmêlent et rajoutent de la gourmandise au profil olfactif de la liqueur. En lame de fond, on perçoit toujours le légume cuit. Certains pourraient sentir le café fraichement moulu après avoir fait tourner la liqueur sur les parois du pot de réserve.
Texture
Une robe épaisse rien qu’au visuel nous laisse deviner la texture en bouche. On ne s’y trompe pas puisque la texture est épaisse, ronde et soyeuse. Elle vient tapisser notre palais dans son ensemble. On croirait à un chocolat chaud épais.
Saveurs
Je perçois trois saveurs principales : une acidité franche, mais pas écœurante accompagnée d’une légère amertume sur le fond de la langue et d’une perception sucrée qui vient rajouter encore de la gourmandise à ce thé.
Arômes
Au même titre que pour les feuilles infusées, je sens le chocolat en bouche. J’ai l’impression de manger un carré de chocolat noir. De plus, la fleur muscadée ressort, témoin du caractère épicé et floral de ce thé. Enfin, je peux facilement identifier le légume cuit présent dans cette liqueur, car c’est l’un de mes préférés : l’artichaut !
Le matériel que j’utilise pour la dégustation du thé rouge Jukro est le suivant : il comprend une théière en verre d’une contenance d’environ 250 ml, un pot de réserve en verre me permettant de contempler la couleur de la liqueur et d’une tasse dégustation en verre double paroi.
La température de l’eau est de 90 °C et le temps d’infusion est de 4 minutes. Aussi, il est important de respecter le ratio quantité de thé/quantité d’eau : 4 g pour 200 ml d’eau. Je vous invite à consulter mon article pour savoir comment faire du thé.
La Corée du Sud et le thé ont une histoire à la fois passionnée et houleuse depuis près de 1200 ans. Le courant Bouddhiste a permis une notoriété toujours plus importante de la boisson dans le pays. C’est notamment sous la Dynastie Goryeo que le thé connait un essor particulier. Quelques siècles plus tard, le courant Bouddhiste disparaissait peu à peu au profit du confucianisme, porté par la dynastie Joseon. Par conséquent, la culture du thé était abandonnée. Seules quelques contrées lointaines du pouvoir central pratiquaient encore cette agriculture. C’était le cas des plantations originelles de Hadong aux alentours du Mont Jiri. Des moines bouddhistes s’attelaient à conserver leurs traditions et pratiques cultuelles, le thé en faisait partie.
Le Jukro est un des thés originels de la Corée du Sud. Il pousse dans une plantation portant le même nom. Il est aussi connu sous le nom de “Hongcha”, signifiant littéralement thé rouge en chinois. La plantation jukro est située dans le district de Hadong au sud du Mont Jiri.
Afin de comprendre le thé qu’on déguste, il est toujours important de s’intéresser au terroir sur lequel les théiers poussent. La Corée du Sud est un pays qui connait quatre saisons avec des amplitudes de température similaires à la France. Les hivers y sont rudes, secs et très froids (-10 °C) et les étés y sont chauds et humides (30 °C-35 °C). Par ailleurs, la Corée du Sud est soumise à des moussons importantes. Les pluies venues des mers viennent nourrir le littoral et l’intérieur des terres. Le taux d’humidité relativement élevé favorise une végétation dense et variée. Le district de Hadong, placé sur le littoral, bénéficie d’un climat terre/mer à l’instar du Japon. De ce fait, certains thés verts coréens s’approchent de l’umami japonais grâce à ce terroir si particulier.
La production des thés rouges est très rare en Corée du Sud et le Jukro ne fait pas exception puisque sa production totale est de 500 kg par an. Imaginez un instant qu’on produirait seulement 500 bouteilles d’un grand vin, vous vous diriez surement que c’est un vin de collection/garde. Sachez que je me dis la même chose du Jukro, il est tellement rare que j’ai presque envie d’en faire un thé de collection. Mais on sait que le temps altère le profil des thés et qu’il est important de les consommer dans l’année.
Le producteur, Mr Yon Seok Cho a hérité, par son grand-père, de plusieurs hectares de théiers et consacre sa vie à ses plantations. Il produit pas moins de quatre tonnes de thé par an, dont font partis les 500 kg de Jukro qu’il ne récolte qu’une seule fois, au mois de mai. C’est à ce moment de l’année que les jeunes feuilles sont les plus savoureuses et riches en parfums. Il est vrai que le printemps est la plus belle des périodes pour le thé. D’ailleurs, toute la récolte primeur de Mr Cho, uniquement manufacturée en thé vert, est achetée par des moines. Tel un hommage aux origines du thé en Corée.
L’année dernière Mr Cho a produit du Jukro façon matcha pour la première fois. J’ai pu m’en procurer chez Palais des Thés. Une production encore plus confidentielle et rare que je réserve pour des moments particuliers. A l’occasion je vous en dirai un peu plus !
En conclusion, je dirais que le Jukro est LE thé gourmand par excellence à l’instar de certains Wulong Taïwanais. Son profil organoleptique est riche et envoutant. Pour tous les amoureux du chocolat, vous ne serez pas déçus. La fleur épicée, la fève tonka, la vanille, tout cela s’entremêlent pour nous offrir un itinéraire gustatif absolument exquis sur fond chocolaté. En plus d’être un grand cru, le Jukro est un thé de collection. Sa faible production fait de lui un thé rare et une star parmi les stars.
Tags : Corée du Sud, Moine, Mont Jiri, Thé Bio
Catégories : Dégustation de thé
Diplômé d’un Master en Business International et après deux ans passés chez CANAL+, j’ai décidé de consacrer davantage de temps à mes passions. Au quotidien beaucoup de choses me font vibrer, la lecture, mes proches, la musique et évidement le thé. Le thé est pour moi un art de vivre et permet de mieux percevoir le monde qui nous entoure. Je me sens plus sage quand je prends le temps de déguster une tasse de thé. Fort de tout ce qui m’anime j’ai donc décidé de créer Secret de Thés — Le Blog. À ce jour j’en suis le créateur et le principal auteur.
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