Thé du Népal : Le Guide Ultime
Sommaire
L’article du jour est écrit par une des rencontres que j’ai fait durant mon itinéraire théicole. Je voudrais remercier Théo Guillet qui a très gentiment accepté de rédiger un article pour vous. Théo est aujourd’hui certifié “Tea Sommelier” après avoir suivi une formation qualifiante. L’article du jour concerne les thés du Népal. Découvrez les arcanes de l’industrie du thé au Népal ! Bonne lecture.
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🏔️ Géographie du Népal
C’est un pays de hautes montagnes, l’Himalaya, dominé par neuf des plus hauts sommets du monde, dont l’Everest (Sagarmatha en népalais).
Le mot Népal dériverait du sanskrit “nipalaya” signifiant « au pied des montagnes », par allusion à sa situation à proximité de l’Himalaya. Quant au terme Himalaya, il provient de deux mots sanskrits : “hima” signifiant « neige » et “alaya”, la « demeure des neiges » éternelles servant à désigner la plus haute chaîne de montagnes du monde. Le Népal est souvent comparé à un escalier géant débutant dans la plaine gangétique et culminant au toit du monde. L’armature géologique du pays s’organise en bandes longitudinales formant 5 grandes régions naturelles correspondant à 5 paliers : le Téraï, les Siwalik, le Mahabharata Lekh, le plateau népalais et le Grand Himalaya.
Terroirs productifs
Les régions productrices
Auparavant, la production était concentrée dans quelques districts comme Ilam et Jhapa, dans l’est du Népal. Elle s’est rapidement étendue à d’autres régions du pays, la superficie de thé atteignant désormais 28 700 hectares. Aujourd’hui, le thé est principalement cultivé dans cinq districts de l’est du Népal : Ilam, Panchthar, Dhankuta, Terathum et Jhapa. L’altitude de Jhapa est d’environ 500 m au-dessus du niveau de la mer et constitue désormais le principal site de transformation du thé CTC. Cette région est située à 100 km seulement de la région mondialement connue de Darjeeling.
Pour commencer, les terres fertiles de Dhankuta et d’Ilam, combinées à un climat favorable, offrent un cadre idéal pour la culture du thé. Dans ces régions montagneuses, la théiculture repose sur des pratiques agricoles durables qui préservent les zones boisées et la biodiversité. De plus, la proximité avec Darjeeling offre une synchronisation parfaite entre les récoltes et les cycles saisonniers de ces régions.
Ilam : Située à l’est du Népal, Ilam est l’une des régions les plus renommées pour la production de thé. Son climat tempéré et ses sols fertiles favorisent la croissance de théiers de qualité supérieure. Les thés d’Ilam sont souvent décrits comme doux et floraux, avec des notes subtiles et délicates.
Dhankuta : Également située à l’est du Népal, Dhankuta est réputée pour ses thés noirs et ses thés oolong de haute qualité. Les thés de cette région se caractérisent par leur complexité aromatique et leurs notes fruitées.
Contrairement à d’autres régions productrices de thé en Asie, les plantations de thé au Népal attirent l’attention des consommateurs soucieux de l’écologie. Elles sont précurseurs de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.
Une production tournée vers l’export et le biologique 🌱
L’essor du commerce équitable et du commerce direct contribue à la popularité croissante des thés népalais écologiques. Une distribution qui permet aux producteurs de thé népalais de recevoir une rémunération plus équitable.
En 2022, le Népal a exporté 32,5 millions de dollars de thé, le classant comme le 23e exportateur mondial. De même, le thé était le 9e produit le plus exporté du Népal. Les principales destinations des exportations de thé en provenance du Népal sont : l’Inde (29,4 millions de dollars), la Russie (663 000 dollars), l’Allemagne (539 000 dollars), les États-Unis (333 000 dollars) et le Japon (296 000 dollars). La production totale de thé du Népal s’élève à près de 24 000 tonnes par an.
La région la plus productive est Jhapa, abritant près d’une centaine de jardins, majoritairement dédiés au thé CTC. Cette production répond à plus de 75% de la demande nationale. Ilam et Dhankuta abritent une quarantaine de jardins spécialisés dans le thé orthodoxe et le thé vert, représentant près de 20% de la production totale. Cependant, ce secteur, employant près de 100 000 Népalais, fait face à de nombreux problèmes, principalement dus à la politique d’exportation gouvernementale et à la concurrence avec l’Inde.
Le thé était autrefois un secteur attractif. Le Népal a une longue histoire de culture du thé. La première plantation de thé a ouvert ses portes dans les collines du district d’Ilam en 1863. Les historiens pensent que l’empereur chinois a offert des graines de thé au Premier ministre de l’époque, Jung Bahadur Rana, afin de cultiver les premiers buissons de thé au Népal. On estime que la culture du thé au Népal a débuté autour de la même période qu’à Darjeeling, en Inde.
Un secteur en manque de soutien administratif
Le secteur du thé a le potentiel de réduire le déficit commercial croissant du pays. Certains experts estiment que le gouvernement privilégie les importations pour générer des revenus plutôt que de promouvoir l’industrie. “Nous ne promouvons pas notre produit et nous perdons de l’argent”, a déclaré Suresh Mittal, président de l’Association des producteurs de thé. “Il y a de nombreux problèmes, allant des engrais à l’exportation. Nous signalons nos problèmes au gouvernement depuis des années, mais personne ne nous écoute.”
De nombreux petits producteurs de thé se sont alors tournés vers d’autres cultures en raison de la politique peu favorable de l’État à l’égard du thé. C’est le cas de Rajesh Rauniyar et Nikita Nepal qui produisent des fruits et des épices, par exemple. Comme le gouvernement semble ne pas considérer le thé comme faisant partie du secteur agricole, il ne fournit donc pas d’engrais chimiques, parfois nécessaires aux plantations. De ce fait, il a également réduit les installations d’irrigation fournies au secteur du thé. Les petits agriculteurs de thé doivent également payer une taxe obligatoire sur l’électricité, comme dans le secteur industriel, ce qui a augmenté leurs coûts de production. En raison de ce manque de moyens matériels, la production semble diminuer d’année en année.
✈️ Des difficultés à l’exportation
Le principal marché d’exportation pour le thé népalais est l’Inde, ce qui pose régulièrement des problèmes administratifs et commerciaux. Les exportateurs affirment que les autorités indiennes entravent souvent les expéditions de thé CTC (crush, tear, curl). Malheureusement, il n’existe aucune agence népalaise vers laquelle se tourner lorsque les envois sont bloqués à la frontière. Les conteneurs, fréquemment arrêtés à Kakarbhitta à la frontière orientale du Népal, n’ont pas de certification de qualité. Ce précieux sésame s’obtient par la réalisation de tests en laboratoire, attestant de la conformité du thé produit.
Encore aujourd’hui il existe très peu de laboratoires indépendants capables d’accompagner les fermiers. Durant ce temps de blocage, les exportateurs envoient des échantillons de thé à Calcutta, pour des tests en laboratoire. Seule la marchandise se conformant aux règles continuera son voyage. De même, la fixation des prix annuels des feuilles de thé est également un problème récurrent. Le gouvernement ne fixant pas de prix minimum pour les feuilles de thé, des conflits éclatent entre petits et grands producteurs.
Le Conseil national du développement du thé et du café, relevant du gouvernement fédéral, manque de ressources humaines et de budget pour apporter ce cadre commercial. Par ailleurs, beaucoup de théiculteurs n’ont pas reçu de licences pour commercialiser leurs cultures. Ils n’ont pas non plus obtenu l’autorisation de vendre et de distribuer leur thé en l’étiquetant.
Cette politique du gouvernement semble discriminatoire… Les industries reçoivent jusqu’à 100 millions de roupies, tandis que les coopératives de thé n’obtiennent que 10 millions. En effet, c’est un obstacle majeur pour les agriculteurs de thé, les empêchant de commercialiser directement leur produit sur le marché international.
Le coup de pouce chinois… 🇨🇳
La présence croissante des acheteurs de thé chinois ouvre de nouvelles opportunités au marché du thé au Népal et en Inde. Finalement, cette évolution dynamise les échanges commerciaux entre les deux pays. Les producteurs de thé indiens se confrontent à de nouveaux défis avec l’arrivée de thé népalais sur le marché. Cependant, cette nouvelle concurrence stimule l’innovation et la diversification des produits. En 2022, la réouverture de la frontière tibétaine et l’expansion du commerce sans droits de douane font de la Chine un marché prometteur.
Cette ouverture vers de nouveaux marchés stimule les exportations de thé népalais vers la Chine, doublant entre 2019 et 2023. Les Chinois sont d’ailleurs prêts à payer plus cher pour ces thés. Ce partenariat avec la Chine apporte également des avantages tangibles aux producteurs népalais. Outre les débouchés commerciaux, les Chinois soutiennent l’industrie du thé népalais en fournissant équipements et expertise en production. Enfin, ce partenariat diminue les coûts de production des agriculteurs népalais, les rendant plus compétitifs sur le marché mondial.
Cette collaboration inquiète les producteurs de thé de Darjeeling, mais offre des opportunités de croissance et d’innovation régionales.. Cette coopération peut transformer le paysage du thé dans la région en stimulant la qualité et la diversité des produits. Cela se ferait en encourageant l’échange de connaissances et de technologies.
Conclusion
Vous l’aurez compris, le Népal se positionne donc comme un acteur important dans l’industrie mondiale du thé, grâce à sa combinaison unique de terroirs, de pratiques agricoles durables et de partenariats stratégiques qui font de ses thés un choix d’exception. Bien que le pays doive surmonter ses défis internes d’un point de vue commercial et industriel, il est susceptible de jouer un rôle de plus en plus important sur la scène mondiale du thé dans les années à venir.
SOURCES:
https://www.teacoffee.gov.np/en/productionstats/tea
https://oec.world/en/profile/bilateral-product/tea/reporter/npl
Merci pour cet article enrichissant sur les thés du Népal, une région qui nous offre des trésors cachés dans chaque feuille de thé. Chez RyokōThé, nous célébrons également la majesté des thés de l’Himalaya, réputés pour leur pureté et leur finesse. Vos lecteurs qui apprécient la découverte des thés népalais pourraient être enchantés par notre sélection spéciale de thés de l’Himalaya, où chaque variété est une invitation à un voyage méditatif et revigorant. Je vous invite à explorer notre collection et à plonger dans l’univers des saveurs Himalayennes ici : Thé Himalaya chez RyokōThé https://ryokothe.fr/categorie-produit/the-himalaya/. Continuez à partager votre passion pour ces thés exceptionnels!